Quiétisme
- Titre
- Quiétisme
- Type
- Terme théoloique
- Mots clés
- François de Salignac de La Mothe-Fénelon
- Jeanne-Marie Bouvier de La Motte (Madame Guyon)
- Miguel de Molinos (1628-1696)
- Mystique
- Description
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Le quiétisme doit être défini à partir des condamnations portées, par la justice pontificale contre ceux que l'on appela « quiétistes » dans les années 1680. Le terme, forgé sur le substantif latin quies, qui signifie repos, veut caractériser ces hommes et ces femmes que l'on accuse de s'adonner improprement et exagérément à l'oraison de quiétude pendant laquelle l'âme ne produit plus d'actes de réflexion, d'amour ou de volonté, mais s'abandonne totalement à l'amour divin.
L'affaire commence le 18 juillet 1685 avec l'arrestation à Rome, par la garde pontificale, d'un prêtre espagnol de cinquante-huit ans, Miguel Molinos venu à Rome en 1663 pour pousser le procès de béatification d'un de ses illustres concitoyens de Valence, Francesco Jeronimo Simo (♰1612). Sa fonction de postulateur lui laisse le loisir de dinger quelques consciences romaines et de rédiger la synthèse de sin expérience en la matière dans un ouvrage qu'il publie en espagnol, à Rome, en 1675 sous le titre Guìa espiritual. Le livre, traduit en italien en 1677, puis en français en 1688, remporte un franc succès, mais déclenche une longue polémique avec les jésuites qui se veulent les défenseurs de la médiation traditionnelle face à ces « nouveaux contemplatifs » qu'ils jugent dangereux. Molinos disposant de la protection d'évêques et de cardinaux, ce sont ses adversaires jésuites qui subissent censure et condamnation e n1681 et 1682. …Miguel Molinos est condamné le 3 septembre 1687 à la prison à vie tandis que 68 propositions qu'il reconnait comme fidèles à sa pensée sont condamnées par la bulle Coelestis Pastor du 19 novembre 1687 : l'acte de naissance officiel de la dernière hérésie est signé.
Que reproche-t-on aux quiétistes ? Premièrement, d'après les 68 propositions de la bulle Coelesitis Pastor, des théories erronées sur l'oraison de quiétude qui tourneraient d'une part au panthéisme par l'anéantissement de l'âme en Dieu et d'autre part à l'indifférence morale à cause d'une prétendue impeccabilité obtenue par le spirituel lorsqu'il a atteint le stade du repos et de l'oraison acquise. Deuxièmement, du fait de cette impeccabilité, des pratiques « abominables » entre directeurs de conscience et dirigées (« violences » charnelles d'origine diabolique auxquelles il ne faut pas résister). Les historiens et les théologiens conviennent aujourd'hui que les propositions des bulles et brefs sur le premier thème sont introuvables dans les ouvrages des prétendus « quiétistes ». De même, les accusations sur leurs mœurs sont fondées sur des dénonciations mensongères et des faux construits de toutes pièces, que ce soit pour Molinos (♰1696) qui vécut et mourut pieusement, pour le père de La Combe que ses « aveux » rendirent fou, ou pour Mme Guyon dont Bossuet ne réussit jamais à ternir la réputation.
Les fondements des accusations portées contre les « quiétistes » sont plutôt à chercher du côté des accusateurs romains, qui expriment dans ces occasions leurs craintes et leurs fantasmes. Les accusations de panthéisme et d'indifférence morale sortent directement des procès faits par l'Inquisition aux bégards, aux béguines et aux frères du Libre Esprit au XIVe siècle et plus récemment aux Alhumbrados espagnols du XVIe ou aux Pelagini de Brescia en 1657. Les accusations de mœurs dissolues proviennent des mêmes sources, mais rendent aussi compte de la véritable obsession charnelle de nombreux esprits religieux de l'époque, obsession qui s'exprime sous couvert de diableries. D'autres sujets brûlants de la vie religieuse du XVIIe siècle affleurent dans les propositions condamnées en 1687 : le poids excessif des mortifications, des fêtes liturgiques, de la confession ou du contrôle des supérieurs et des évêques. De même, leur directeur, qui pouvaient être des bouffées d'air, parfois des lieux d'amour pur, ont toujours inquiété les supérieurs.
La conséquence majeure de la condamnation des quiétistes fut de jeter l'opprobre, pour plusieurs siècles, sur la mystique et d'assécher la vie religieuse au XVIIIe siècle.
Bibliographie
Levillain, Philippe, sous la direction de Philippe Levillain, and comité scientifique composé de Philippe Boutry, Olivier Guyotjeannin, Philippe Levillain. [et al.]. Dictionnaire Historique de la papauté. Fayard, Paris, 1994) p.1413-1414 «Quiétisme» - Mme Guyon
- Références
- Levillain, Philippe et comité scientifique composé de Philippe Boutry, Olivier Guyotjeannin [et al.] (1994) Dictionnaire Historique de la papauté, Paris, Fayard, p.1413-1414 « Quiétisme »
- Westerhout, Arnold van (XVIIe s.), Delineazione della solenne abjura fatta da Michele Molinos nella chiesa di S.a M.a sopra Minerva il di 3 7.bre 1687, [estampe] Bibliothèque nationale de France
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b55003990v.r
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